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Science et méditation

Nous sommes en 1865. En croisant des petits pois, Gregor Mendel découvre que des facteurs génétiques sont transmis à la génération suivante. Quelques années plus tard, en 1953, Watson et Crick découvrent une grosse molécule dans le noyau des cellules, l'ADN. L'analyse de l'ADN révèle que cette macromolécule contient des gènes. Ces gènes sont les fameux facteurs génétiques dont parlait Mendel. Si nous ressemblons physiquement plus ou moins à nos parents, c'est dû à notre patrimoine génétique, à nos gènes. Les gènes vont coder pour des protéines qui vont rentrer dans la constitution de notre organisme. Par exemple, si deux parents ont les yeux bleus, il y a 99% de chance que leur enfant ait les yeux bleus. 

Cela a fait naître un certain fatalisme dans le langage courant. Nous avons souvent entendu : "De toute façon on ne pourra pas le/la changer, son père/sa mère était comme ça, c'est dans ses gènes"! Nous verrons qu'une telle affirmation n'est pas forcément inexacte mais qu'elle n'est pas complètement vraie non plus. Dans les croyances de l'époque, on ne pouvait pas changer. Si nous étions comme ceci ou comme cela, c'était dû à la génétique. 

Dans les années 1970, arrive une nouvelle compréhension du vivant avec l'essor de l'épigénétique. Qu'est-ce que l'épigénétique ? Les scientifiques se sont rendu compte qu'autour de la molécule d'ADN, il y a avait de petites molécules appelées histones qui avaient la capacité d'être méthylées ou acetylées. Lorsque les histones sont méthylés l'ADN se ferme et le gène ne peut pas s'exprimer (il est éteint). Lorsque les histones sont acétyles, l'ADN s'ouvre et le gène peut s'exprimer (il est allumé). ​​

Schéma épigénétique

Schéma d'une molécule d'ADN fermé (méthylée) ou ouverte (acétylée)

Ensuite, les chercheurs se sont demandés ce qui permettait la méthylation ou l'acétylation des histones. La réponse était surprenante, l'environnement ! Ainsi, l'environnement extérieur peut agir sur l'ADN d'un organisme en l'activant ou en le réprimant. Cela n'est pas étonnant car la vie évolue toujours en fonction de l'environnement dans lequel elle se trouve. 

Lorsque j'étais chercheur à Paris, j'avais lu un article scientifique très intéressant. Des chercheurs avaient montré qu'en générant un gros stress chez une souris femelle, cela modifiait les marqueurs épigénétiques de son ADN. Elle devenait angoissée. Ils ont ensuite mis un mâle dans la cage et les deux souris se sont accouplées. Une fois nés, ils ont étudié les souriceaux (Génération n°1) et ont remarqué que beaucoup d'entre eux étaient angoissés. Une analyse plus approfondie a montré qu'ils avaient les mêmes marqueurs épigénétiques que leur mère. Plus impressionnant encore, ces marqueurs ont été à nouveau retrouvés dans les portées que ces souris ont eues par la suite (Génération n°2). La deuxième descendance porte donc la mémoire d'un stress d'un ancêtre qu'ils n'ont pas connu.

C'est ce qu'on appelle les mémoires transgénérationnelles de nos jours. Les marqueurs épigénétiques peuvent se transmettre d'une génération à l'autre. C'est pour cela que, sans le savoir, on peut porter un traumatisme familial qui remonte à une ou deux générations. Lorsque l'on pose quelques questions à des gens qui se mettent souvent en colère, on s'aperçoit que le père, le grand-père voire l'arrière-grand-père avait un tempérament colérique. Cela vient des marqueurs épigénétiques. 

Mais alors, si nous portons dans nos gènes certaines caractéristiques de nos parents (en termes de caractère, de croyances, d'émotions), serait-il possible de s'en libérer ? Serait-il possible de changer nos marqueurs épigénétiques reçus de notre lignage familial ? La science a répondu à cette question et la réponse est oui.

Il n'existe aucune fatalité et tout le monde peut se libérer des mémoires reçues par héritage. Depuis une dizaine d'années, de nombreuses études ont montré que la méditation avait le pouvoir de changer nos marqueurs épigénétiques. 

Le CNRS a déclaré en 2020 qu'une seule journée de méditation intensive permettait de modifier complètement notre épigénome en diminuant notamment l'expression des gènes impliqués dans l'inflammation et en augmentant l'expression de ceux impliqués dans la réponse immunitaire. Récemment des chercheurs ont finalement démontré que cela s'appliquait aussi pour la régulation de notre état émotionnel. Ils ont en effet découvert que la pratique de la méditation régulière augmentait la méthylation (donc la fermeture) de certains gènes impliqués dans le stress et l'anxiété. 

Ainsi, l'acceptation et l'accueil inconditionnel de nos émotions à travers la méditation changent notre ADN de façon stable et durable. Cette pratique permet de nous libérer de notre héritage familial, de nos mémoires de vies passées. ​Rien n'est figé. Tout le monde peut accéder à la paix. 

David

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